Yohan Castaing ou l’interdiction de contredire


Yohan Castaing, je connais son travail depuis longtemps mais seulement de loin. Jusqu’il y a peu, mon avis sur lui était tout à fait neutre.

Le voilà qui m’apprend que quand on le contredit, mieux vaut sortir avec un casque.

Sur fond d’une vendetta rancunière qu’il a engagé à mon encontre, j’utilise pour une fois mon droit de réponse.

Voilà l’histoire.

Tout a commencé par un événement plutôt anecdotique.

Le 3 décembre dernier, Yohan publiait sur son site Anthocyanes une brève annonçant la vente du Domaine de la Bégude (Bandol) à Christian Roulleau, propriétaire notamment de Château Dauzac (Bordeaux).

Il a fallu attendre début janvier pour que quelqu’un me demande : as-tu vu cette nouvelle ?

Stupeur.

Connaissant vraiment très bien Guillaume Tari – l’homme de la Bégude – et son attachement de cœur à ce bout de paradis farouchement accroché au dessus de Bandol et de la grande bleue, cette nouvelle était juste inimaginable.

J’ai donc appelé Guillaume pour en savoir plus, sachant que par le passé, bien des hommes ont voulu mettre la main sur la Bégude – sans succès.

Cette fois encore Guillaume était catégorique : non seulement aucun contrat de vente n’avait été signé, mais de plus il ne comptait pas vendre. Bien au contraire : foisonnant d’idées et de projets, il projetait la Bégude dans un futur à long terme.

Il était en revanche bien au courant de cet article qui a eu comme conséquence un certain nombre de désordres : des employés affolés, des clients et fournisseurs déstabilisés.

Je vous laisse imaginer le bordel.

Questionnant Guillaume sur l’origine de cette nouvelle, il s’est avéré que Yohan n’avait jamais pris la peine d’appeler Guillaume pour vérifier auprès de lui si l’info était correcte ou non. Ce qui me paraît tout de même le minimum syndical, car comme on dit en Allemagne : prudence est la mère de la boîte à porcelaine.

Début janvier, je publiais donc un contre-avis sur mon profil Facebook, informant simplement que la Bégude n’était ni vendue et ni à vendre.

Guillaume Tari lui-même publia un démenti de vente dans la foulée, une information qui figure d’ailleurs depuis le 6 janvier sous l’article de Yohan Castaing.

Il y a également eu un échange publique sur le profil Facebook de Yohan – qui y est toujours en intégralité contrairement à ce que prétend Yohan -, où je regrettais qu’il n’ait pas vérifié son information auprès de Guillaume Tari.

Voilà, c’est tout.

A aucun moment je n’ai manqué de respect à Yohan. Il n’y a pas eu d’insultes, pas de leçons, pas d’égo, ni de remise en question de ses compétences ou de sa sincérité.

Je l’ai simplement contredit.

Les mois passent, et il se trouve que des événements imprévus poussent Guillaume à tout de même devoir se séparer de la Bégude. Il sonde toutes les possibilités mais voilà, parfois on n’est pas seul à bord d’une décision.

Finalement, la vente est actée – à Christian Roulleau… Lorsque cela devient public il y a quelques jours, Yohan jubile. Je ne lui en veux pas.

En revanche, ce qu’il fait ensuite est bien plus discutable.

Se souvenant de mon contre-avis, Yohan Castaing publie le 29 juin sur l’ensemble des réseaux sociaux un court article incendiaire, accompagné d’un petit mot :

« Parfois, la réalité du terrain vient rattraper les pseudos journalistes toujours prompts à donner des leçons. Nous avions raison. Domaine de la Bégude est vendu, n’en déplaise aux thuriféraires d’une cause bien trop grande pour eux. Aujourd’hui, les vagues se fracassent sur leurs égos. N’est ce pas, Birte Jantzen et Elizabeth Gabay »

Y est donc aussi incluse Elizabeth Gabay MW, qui comme moi avait osé de contredire.

S’en suit sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, LinkedIn et que sais-je) un véritable règlement de comptes où bien du monde – bien sûr sans connaître l’ensemble de l’histoire – prend partie et dit des choses qu’ils ne te diront jamais en face.

Une tempête dans un verre d’eau.

Yohan suggère alors – tout comme le font certains de ses supporters – que :

  • on l’aurait accusé de mentir
  • on serait incompétent
  • on devrait se taire
  • on ne devrait jamais contredire
  • on manquerait de déontologie
  • on manquerait d’indépendance
  • on ne serait pas des journalistes
  • on manquerait de sérieux
  • … (et blablabla)

Tout ça pour un contre-avis. Et du démenti de Guillaume Tari, qui dit la même chose que nous, tu en fais quoi Yohan ?

Depuis le 29 juin, on se dirait dans un tribunal populaire et vindicatif pour le simple fait d’avoir osé contredire Yohan Castaing.

Même Laurent Fortin, le directeur général de Château Dauzac, a liké ce déferlement.

Voilà du beau.

J’ai envie de dire à Yohan : se tromper sur une info ou se laisser convaincre par un acheteur trop enthousiaste à l’idée d’avoir la peau de l’ours avant de l’avoir tué, cela peut arriver à chacun d’entre nous – aussi sérieux que l’on soit. Parfois on est trop crédule. Je suis la première à le savoir.

Mais être si rancunier et de mauvaise fois pour un simple contre-avis est tout de même un exploit. Et tout cela en clamant sa déontologie et en parlant de respect.

Bravo Yohan. Tu parles de liberté d’expression. Et bien autorise ceux qui te lisent, que ce soit souvent ou rarement, de te contredire. Cela fait partie des risques du métier de journaliste et ne devrait en aucun cas poser un problème.

Je regrette que Guillaume Tari – qui doit être bien triste de perdre son magnifique perchoir à vigne – soit involontairement mêlé à cette belle perte de temps et d’énergie.

Je trouve triste que pour démontrer sa déontologie et son respect du journalisme, Yohan Castaing se sente obligé de se montrer si rancunier. Je lui souhaite de trouver un peu plus de paix et d’assurance en lui-même, car avec le super travail qu’il fait par ailleurs il ne devrait pas se sentir obligé de recourir à de tels stratagèmes pour se faire valoir. N’est-ce pas Yohan ?

Sur ce, je prends un verre d’Irréductible et retourne à ce qui me plaît le plus : rendre hommage à la beauté du métier de vigneron.ne.

Et pour finir : Vive la liberté irréductible de contredire. On ne devrait même pas devoir en discuter.

Une belle soirée à toutes et à tous.

Wine Uncovered

4 commentaires Laisser un commentaire

  1. Salut Birte,

    J’espère que tu vas bien?!

    Je vois vos publications respectives un peu partout depuis plusieurs jours. Sincèrement si je t’apprécie, je trouve dommage ce genre de guéguerres. Je ne crois pas qu’il soit bon d’étaler cela sur la place publique trop longtemps une fois le droit de réponse effectué! Les gens t’apprécient pour ton professionnalisme et ton travail et cette histoire est plutôt insignifiante au vu de tes écrits. Après je comprends bien que cela soit très énervant. Dans ce monde moderne on accuse à tort n’importe qui de n’importe quoi. Pour te dire on m’a accusé de racisme en décembre chez Chateaunet alors que j’animais une dégustation pour Roederer. Je faisais cette animation uniquement pour dépanner un collègue alors que je n’en fait plus depuis longtemps. Je n’ai eu aucun doit de réponse et je suis grillé avec les deux! J’étais furieux et vexé à mort. Mes amis d’origine africaine étaient prêts a débarquer à la cave pour les engueuler!!

    Bref, ne t’inquiète pas trop et souviens-toi que « les chiens aboient, la caravane passe ».

    Bon dimanche et bel été!

    Bise

    Régis

    >

    • Je suis bien d’accord avec toi Régis ! Je n’ai répondu d’ailleurs que parce que cela dérapait complètement.
      Bref.
      Il fait beau et des pépites nous attendent 😊
      Un bel été à toi également !

  2. Bonjour Birte,
    Comme beaucoup de monde j’imagine, j’ai pu observer depuis quelques jours cette « tempête », n’ayant pas de recul sur la situation je me suis bien gardé de tout commentaire.
    Cette remise en situation des événements était donc bienvenue et montre bien qu’il n’y a rien à part une mauvaise foi mal placée.
    Je suis bien d’accord avec Régis, ne t’attarde pas là-dessus, utilise ta bonne énergie ailleurs et profite de l’été :)
    En tout cas fais nous signe si tu repasses par Avignon ;)
    Très bon été! :)
    Adrien

  3. Je ne connais pas Yohan Castaing mais la diatribe organisée par ce personnage est non seulement stupéfiante mais inadmissible. Quel gain peut-il en retirer ? Sinon celui de « se faire mousser », comme on dit. Quelle bien pauvre bénéfice !! Nul.

Laisser un commentaire