Vins de Bordeaux #1 : Saint Emilion et les millésimes 2011 & 2012


Il y a récemment eu beaucoup de blabla autour de cette belle appellation. Certains, tout comme Dark Vador, préfèrent le côté obscur des choses. Qu’ils y restent. Pour ma pomme je préfère clairement le côté joyeux, la lumière sans laquelle soit dit en passant l’ombre n’existerait pas. Mais je pense qu’au lieu d’écouter et lire des ragots (et je vous assure qu’il y en a partout des choses pas belles, même dans la vie de celle qui remue si bien le couteau dans la plaie des autres), je préfère vous raconter une appellation qui a travaillé dur, et le fait toujours, pour arriver au niveau qui est le sien aujourd’hui. Pendant quatre jours je me suis mise au diapason avec les pas de Michel Bettane et le rythme fût intense, beau, fait de rencontres, d’échanges, de sincérité, de franches rigolades et de belles découvertes. Et je ne regrette pas une seconde d’avoir dégusté autant de beaux vins, que je vais partager avec vous, et que vous pourriez déboucher, je l’espère, à votre tour.

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Saint Emilion, petit village de toute beauté perché en haut d’une colline, est un bijou en miniature truffé de négociants en vin (je crois qu’il y en a un tous les 20m), avec une petite place adorable bordée de terrasses pour prendre son café au soleil et profiter d’une vue splendide sur les environs. En fait, la place doit être en quelque sorte le toit de l’église monolithe juste en dessous. Prendre un café perché sur les épaules de Dieux lui donne un goût tout particulier. D’ailleurs, ils sont un peu dressés en ce moment ses cheveux, vu tout ce qui se raconte. Ça doit lui rappeler de mauvais souvenir. Un miracle que je n’en ai pas trouvé un dans mon café…

Autre étape à ne pas manquer sont les véritables macarons de Saint Emilion, fabriqués par Nadia Ferminger encore aujourd’hui à la main à l’arrière de sa minuscule boutique. C’est une spécialité du coin et délicieux produit de recyclage en quelque sorte, tout comme le cannelé. Pourquoi de recyclage ?? Haha, très bonne question ! Tout simplement parce que pour clarifier le vin, on utilisait, et utilise toujours, des blancs d’œufs (cru bien sûr !). Mais non, ce n’est pas beurk. C’est même très astucieux. Les protéines du blanc d’œufs ont une charge positive qui attire le surplus des tannins, de charge négative. Et voilà que les deux s’assemblent et forment des éléments trop lourds pour rester en suspension dans le vin. Alors ils se déposent au fond de la cuve, l’affaire est pliée et le vin clarifié (mais bien sûr d’autres procédés existent). Simplement, à la fin de la journée restaient toujours les jaunes non-utilisés et le restant du blanc. Les femmes de vignerons ont alors eu la bonne idée de cuisiner avec : les cannelés avec les jaunes d’œufs et les macarons avec les blancs. C’est bon le vin…

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Et justement, le vin dans tout ça ? Et bien, allons-y !

La première journée était le marathon de quelques-uns des plus beaux châteaux du coin : Villemaurine, Canon, Cheval Blanc, Pavie, Angélus, Ausone, Dassault et Figeac… Ça laisse les papilles rêveuses. La deuxième journée était consacrée aux dégustations à l’aveugle des Grands Crus Classés 2011 et 2012, avec deux petites visites tout de même à Tertre Roteboeuf et Canon La Gaffelière. La troisième journée à été remplie par le Clos Fourtet, Barde Haut, Pavie Macquin, Troplong Mondot et un écart à Pomerol au Château Bourgneuf. La quatrième journée rebelote pour les dégustations à l’aveugle des Grands Crus Classés 2011 et 2012, pour terminer en beauté à Trottevieille, le Clos des Jacobins, Valandraud et de nouveau un écart à Pomerol au Château de Valois. Quel programme… Et autant vous dire, pleines de belles choses à raconter.

Pour ce qui est des millésimes 2011 et 2012 à Saint Emilion, beaucoup s’en sortent vraiment très bien. Le 2012 est pour le moment plus ouvert que le 2011 qui joue un peu la fermeture, c’est à dire il est en repli sur lui-même, comme un ado qui refuse temporairement de partager le repas à la même table que ses parents. Mais cela ne sera heureusement que passager, et les notes ci-dessous vous aideront à vous y retrouver plus facilement, du moins je l’espère. Le savoir-faire des vignerons a beaucoup progressé et ceux qui connaissent bien leurs vignobles et savent les gérer s’en sortent bien, même les années moins évidentes !

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CHÂTEAU VILLEMAURINE

Situé à deux pas du centre ville, le Château Villemaurine est au cœur historique de l’appellation et, cerise sur le gâteau, ils disposent d’un très bel ensemble de galeries et carrières que l’on peut visiter.

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Acquis en 2007 par Justin Onclin, il a commencé par restructurer le domaine de 7ha et a construit un chai flambant neuf en 2010, à la fois beau et pratique, permettant en même temps de repenser leur espace d’accueil. Le résultat n’est pas seulement beau à regarder, il est aussi très bon à goûter. Et soit dit en passant un très bon rapport qualité/prix !

Château Villemaurine 2012 – Grand Cru Classé

Rouge – 95% Merlot / 5%  Cabernet Franc – Alc. 14% by vol. – environ 40 €

Le toucher en bouche est frais et serré, de beaux arômes gourmands se déploient tout autour de fruits noirs et d’une pointe de chocolat, les tannins de velours et en finesse achèvent un joli tableau aboutit et bien structuré. C’est délicieux et se goûtera très bien pendant encore longtemps. A boire ou à garder, sachant que la garde va l’étoffer et il sera encore plus beau d’ici quelques années.

A carafer

Température de service 15 – 16°C

16/20

 

Château Villemaurine 2011 – Grand Cru Classé

Rouge – 80% Merlot / 20% Cabernet Franc – Alc. 14% by vol. – environ 40 €

Dès la première goutte, serrée et intense, ce vin montre qu’il a un grand potentiel et de l’énergie à revendre. Solide, bien construit, avec des tannins de velours, il se montre pourtant d’une belle élégance et légèreté. Les arômes se déploient autours de fruits rouges, des arômes de grains de café, légèrement épicé et gourmand. C’est vraiment réussi. Comme pour le 2012, c’est à boire ou à garder, mais mieux vaut l’oublier encore un peu dans sa cave pour le laisser grandir.

A carafer

Température de service 15 – 16°C

17/20

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CHÂTEAU CANON

Propriété de la maison Chanel depuis 1996, ce domaine de 22ha de quasi un seul tenant fait partie des plus beaux de l’appellation. Ils ont récemment acquis le domaine Matras et ont donc ajouté 10ha en plus, y compris un magnifique petit chai installé dans une ancienne chapelle du 12ème siècle. C’est un beau domaine qui fait dans l’excellence, mais avec un patron pareil le contraire aurait été étonnant. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, les vins restent dans le domaine de l’abordable, surtout si on prend en compte la qualité du divin breuvage dans la bouteille.

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Château Canon 2012 – 1er Grand Cru Classé

Rouge – 70% Merlot / 30% Cabernet Franc – Alc. 13,5% by vol. – environ 44 €

Ça commence tout en fraîcheur et retenue, puis les arômes se déploient en bouche comme une fleur qui s’épanouit. Quelle élégance et quelle race ! Un vin superbement construit, des tannins soyeux, une structure fine et solide à la fois qui portera ce vin à travers les méandres du temps. C’est déjà très beau alors qu’il est encore dans sa prime enfance. Il va aller loin ce petit !

A carafer

Température de service 15 – 16°C

18,5/20

 

Château Canon 2011 – 1er Grand Cru Classé

Rouge – 70% Merlot / 30% Cabernet Franc – Alc. 13,5% by vol. – environ 85 €

Tout en fraîcheur et gourmandise, sa structure est plus dense que celui du 2012. Une texture élégante, épicée et serrée avec des tannins tout en finesse porte une belle promesse aromatique, pour le moment refermée. Un vin superbe en pleine crise d’adolescence qu’il faut mettre en cave pour le laisser s’épanouir. Les vins sont comme les hommes, ils ont parfois besoin de faire du cocooning pour mieux se retrouver. Que cela ne vous empêche pas de partir à sa découverte.

A carafer

Température de service 15 – 16°C

17/20

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CHÂTEAU CHEVAL BLANC

Un Château qu’on ne présente plus, propriété de la famille Arnault et dirigé par Pierre Lurton, un des nombreux Lurton qui peuplent la région de Bordeaux. Par contre, je ne sais pas s’ils ont tous autant d’humour et le sens de la repartie que Pierre. Je vous souhaite tous de croiser son chemin un jour. Si vous avez cette chance, ne soyez pas timides : il parle non seulement bien de son vin, mais en plus il vous fera rire. La famille Arnault a bien choisi son ambassadeur, et il dirige ce château avec élégance et un bel état d’esprit. Chapeau ! Il fallait bien quelqu’un de cette carrure pour dompter le Cheval Blanc. Mais il ne faut pas non plus oublier son directeur technique, Pierre Olivier Clouet, avec lequel il forme une équipe dynamique qui travaille dans l’excellence. Le résultat en bouteille continue d’impressionner, d’année en année, et même si les prix sont chers, certes trop chers, si vous avez l’occasion d’acquérir une bouteille pour une occasion spéciale, faites-le au moins une fois dans votre vie.

D’ailleurs, le jour de notre visite on a failli ne jamais repartir. Un beau camion nous avait bloqué la sortie et j’étais bien déçue quand finalement nous avons pu en trouver une autre. J’aurais bien aimé rester pour goûter toutes les cuves…

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Cheval Blanc 2011 – 1er Grand Cru Classé

Rouge – 43% Merlot / 57% Cabernet Franc – Alc. 14% by vol. – environ 640 €

Subtil et élégant, il s’affirme avec fraîcheur dans le verre. Sa texture est resserrée, les tannins soyeux et présents montrent que lui aussi, comme beaucoup d’autres 2011, traverse sa phase de cocooning. N’empêche que c’est un magnifique pur-sang, même s’il est en train de faire la sieste dans son box. Alors laissez-le se reposer quelque temps avant de le reprendre. A son réveil il vous emmènera dans un paysage délicatement dessiné tout en dégradé qui sera une merveille à découvrir.

A carafer

Température de service 15 – 16°C

18/20

 

Le Petit Cheval 2011

Rouge – 72% Merlot / 28% Cabernet Franc – Alc. 13% by vol. – environ 170 €

Il est souple ce petit Cheval, et se cabre dans le verre avec grâce et beaucoup de charme. Un vin bien dessiné, fruité, frais et sans fioritures, porté par des tannins très soyeux. Un vin accessible, attachant et rempli de jeunesse, à déguster ou à garder encore.

A carafer

Température de service 15 – 16°C

16/20

 

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CHÂTEAU PAVIE

Château Pavie, c’est impressionnant comme endroit, démesuré, magnifique et intimidant. Comme quand on rentre dans un Hôtel 5 étoiles ou tout est tellement luxueux qu’on n’ose même plus éternuer. Mais c’est vraiment très beau et heureusement dans le chai on retrouve le monde du vigneron, de celui qui cultive des vignes et qui rentre tous les soirs avec les bottes pleins de terre. C’est rassurant ! Puis je trouve qu’ils font un vin bien à leur image : solide, dense, impressionnant, moderne, presque too much, mais terriblement terre à terre.

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Il faut dire que Gérard Perse est un vrai self-made man dans le monde du vin : il a débarqué à Saint Emilion au début des années 1990, et partant de rien il a parcouru un sacre chemin en 20 ans, transformant les domaines qu’il acquiert au fur et à mesure en success-story. N’en déplaise à certains, cet homme a du caractère et c’est un travailleur qui récolte les mérites de son investissement. Son Château Pavie est un vin qu’il faut attendre, certes pas 20 ans, mais bien 4 a 5 années pour lui laisser le temps de s’épanouir. Ceci dit, le vin que j’ai le plus aimé chez eux cette fois-ci, c’est leur blanc de Château Monbousquet !

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Château Monbousquet 2012 – Grand Cru Classé

Blanc – 67% Sauvignon Blanc / 33% Sauvignon Gris – Alc. 13,5% by vol.– environ 50€

Un beau vin blanc tout en fraîcheur et rondeur, avec une ampleur aromatique délicate et bien structurée, fruitée et fleurie, qui va s’épanouir avec le temps et le rendre bien plus complexe. En fin de bouche il exhale et montre qu’il est bien loin d’avoir tout raconté. Un vin avec un très beau potentiel qui donne déjà beaucoup de plaisir. A déguster ou a oublier dans sa cave pour quelques années.

A carafer

Température de service 10 – 12°C

16/20

 

Château Monbousquet 2011 – Grand Cru Classé

Blanc – 67% Sauvignon Blanc / 33% Sauvignon Gris – Alc. 13,5% by vol.– environ 50€

C’est frais, rond, ample et très bien structuré, avec une aromatique parfumée, fleurie, légèrement épicée et très délicate. On voit que le vin a bien profité d’une année en plus pour s’épanouir et il montre un charme joyeux assez irrésistible. A déguster ou à garder encore, bien qu’il soit déjà tellement harmonieux qu’on a plutôt envie de le déboucher illico presto…

A carafer

Température de service 10 – 12°C

16/20

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CHÂTEAU ANGELUS

Tout comme pour Gérard Perse, le parcours d’Hubert de Boüard fait des jaloux. Et bien, que ceux qui ne l’apprécient pas ne boivent tout simplement pas son vin, cela en fera plus pour les autres. Et toc ! Parce que ce que j’ai dégusté était vraiment très beau. Dark Vador, reste chez toi et laisse les autres apprécier les plaisirs divins de la vie.

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Le Château, après une longue rénovation, brille aujourd’hui de tous ces feux et est une bâtisse impressionnante. Autant un peu ostentatoire à l’extérieur, l’intérieur est tout simplement magnifique. Ce que je trouve vraiment très chouette, c’est qu’ils ont travaillé avec les compagnons et les artisans du coin pour réaliser ce travail incroyable de restauration et construction qui a duré sur plusieurs années. Cela s’appelle du développement durable et j’aime beaucoup le principe de soutenir l’économie et le savoir-faire local. Tous n’en font pas autant. Ce que j’apprécie également est le fait qu’ils font de très beaux vins, solides et sensuels, qu’il faut avoir goûté au moins une fois dans sa vie.

Angélus 2012 – 1er Grand Cru Classé

Rouge – 55 % Merlot /45 % Cabernet Franc – Alc. 13,5% by vol.– environ 190 €

Dès le départ il affiche fraîcheur, souplesse et sensualité, c’est fruité, gourmand et bien construit. Les tannins ont une texture fine et presque crémeuse, conférant une densité intéressante à ce vin qui est encore très jeune. La fin de bouche à la fois solide et souple montre très clairement que ce petit ange va aller loin et déployer ses ailes impressionnantes avec le temps. Un vin qui aura encore besoin d’un peu de temps pour s’épanouir complètement. Alors celui qui s’armera de patience sera récompensé.

A carafer

Température de service 15 – 16°C

18/20

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CHÂTEAU AUSONE

Un domaine historique de 7ha, qui doit son nom au poète et homme d’Etat Decimius Magnus Ausonius (310 – 395 après JC) qui aurait vécu à Saint-Emilion. L’histoire ne dit pas grand chose sur lui, mais ce qui est certain est qu’il savait choisir son lieu de vie. Château Ausone est admirablement bien placé en périphérie de Saint Emilion et surplombe les vignes du domaine. La vue, l’endroit et les vins sont en diapason : superbes.

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Alain Vauthier, un des piliers de l’appellation, laisse aujourd’hui main libre à sa fille Pauline qui se débrouille admirablement bien. Il faut dire qu’elle a été à la bonne école ! Leurs vins font partie de mes coups de cœur, même si eux aussi font très mal au portefeuille. Heureusement qu’ils ont la magie merveilleuse d’un magnifique ciel d’étoiles, ce qui récompense largement la grimace de votre compte en banque.

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Ausone 2012 – 1er Grand Cru Classé

Rouge – 55% Cabernet Franc / 45% Merlot – Alc. 13,5% by vol.– environ 450 €

Le toucher fin, lisse et filigrane annonce tout de suite la couleur : l’art de la complexité et de l’équilibre. L’aromatique est intense, floral, croquant et est portée par une texture tannique soyeuse qui reste plus en support mais ne cherche pas à jouer le premier rôle. C’est très aboutit et très élégant. Long en bouche, le vin se resserre à la fin sur une pointe épicée. Encore jeune, il a déjà tout d’un grand. Félicitations à Pauline !

C’est un vin qu’il faut encore attendre, sinon cela reviendrait à accrocher un tableau de maître avant qu’il ne soit terminé.

A carafer

Température de service 15 – 16°C

18/20

 

Ausone 2011 – 1er Grand Cru Classé

Rouge – 55% Cabernet Franc / 45% Merlot – Alc. 13,5% by vol.– environ 550 €

Ce vin frise la perfection. Dès la première goutte fraîche, ample et de velours, on constate que tout est en place. Depuis sa structure solide avec une mâche délicate, l’aromatique se dévoile au fur et à mesure, s’amplifie, fine, délicate et intense à la fois. C’est très élégant et d’un équilibre redoutable. Une fois de plus les tannins restent à leur place et jouent les supporters plutôt que le premier rôle, et la complexité déjà prévisible annonce un vin sublime et aristocratique (mais pas du tout snob, pour ceux qui confondraient les deux). Impressionnant et une expérience de dégustation.

A carafer

Température de service 15 – 16°C

19/20

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Conclusion : d’accord, on a commencé par quelques uns des plus beaux, mais ils valent largement le détour. Ce sont des vins de caractère, qu’ils plaisent ou ne plaisent pas est une histoire de goût, mais il est aisé de constater qu’au delà de toute discussion autour de l’appellation, il y a un vrai savoir-faire présent ici. Cela demande beaucoup de travail et d’investissement, et pas que financier, pour arriver à un tel niveau : la compréhension parfaite de son vignoble, la patience année après année de recommencer à zéro et composer avec les contraintes du millésime, pour à chaque fois pouvoir sortir de ce minuscule raisin ses plus belles expressions. Je dis : Chapeau !

Cheers et à très bientôt pour la suite des aventures !

PS : beaucoup de ces vins sont en vente sur le site web de Millésima, qui travaille directement avec les vignerons et est une source fiable pour les acquérir. 

 

 

 

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