A lire et à boire – Le Jour où il n’y aura plus de Vin


J’avais rencontré Lilian Bérillon pour la première fois en 2011. Je débutais alors dans le monde du vin. Son esprit rebelle, sa conception du vignoble et de son métier m’avaient alors marqués. Un homme entier et sensible, plutôt discret, avec lequel on pouvait discuter des heures. Depuis, chemin faisant, il m’est arrivée à de nombreuses reprises d’adorer des vins qui m’étaient inconnus, et d’apprendre en discutant avec le vigneron qu’il travaillait avec Lilian.

En 2014 déjà il me parut important de partager sa vision dans un article (ici), vision qui depuis n’a fait que s’affirmer et prendre de l’ampleur. Aujourd’hui, Lilian travaille avec quelques un(e)s des vigneron(ne)s les plus talentueu(ses)(x) de France, et ce n’est point un hasard. Aucun pépiniériste en Europe ne défend une vision aussi aboutie et entière de son métier. En rupture avec les standards, sa pépinière est conduite en biodynamie, n’en déplaise à ses détracteurs qui se sentent – à raison – remis en question dans leurs pratiques.

Fin 2017, quel ne fut pas mon plaisir d’apprendre que Lilian venait de publier un petit ouvrage mettant la pleine lumière sur son métier, ses bonheurs et sa part d’ombre. Co-écrit avec Laure Gasparotto, journaliste au Monde et vigneronne à ses heures perdues, ce petit ouvrage condensé sur 155 pages raconte son parcours, l’urgence d’une vigne qui se meure et qui nécessite un changement profond dans notre façon d’aborder le monde végétal et le sol.

Car Lilian ne fait rien comme les autres : sélection massale, greffe anglaise, cépages rares, conseil de plantation en raciné avec greffe sur place. Mais cela, il l’explique bien mieux dans son livre que moi avec ces quelques lignes.

Cette lecture nous ouvre les portes du monde de la pépinière, métier né à l’aube du 20èmesiècle sur fond de phylloxera et crises viticoles, si essentiel pour notre vignoble et pourtant si largement méconnu.

Fort instructif, nullement scientifique, il se lit plus comme un témoignage et reste parfaitement abordable aux amoureux et amateurs du vin. Certes, on peut lui reprocher le style de narration, mais la sincérité désarmante d’un homme qui a su se remettre en question et réinventer son métier transparaît au fil des pages et nous laisse au final avec une interrogation salutaire : mais que bordel attendons-nous pour nous réapproprier les gestes qui faisaient jadis partie du quotidien vigneron, et qui garantissaient que le vignoble, même centenaire, était capable de produire de beaux raisins, et donc de grands vins.

Lilian rêve d’une prise de conscience. Moi d’un verre de vin produit avec les plants issus de sa pépinière.

Cheers !


Infos pratiques :

« Le Jour où il n’y aura plus de Vin »

Lilian Bérillon & Laure Gasparatto

155 pages

Edition Grasset

Prix : 17€

ISBN 978 2 246 86382 3

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1 commentaire Laisser un commentaire

  1. Merci pour cet excellent article,le problème c’est que Lilian est bien seul et qu’il est très sollicité,de plus il faut souligner que tous les vignerons qui travaillent en sélection massale n’ont le droit à aucunes aides.J’ai des vieilles vignes de sélections massales et je constate qu’il y a moins de mortalité et aussi un gout du raisin autre.Je constate aussi qu’l y a de plus en plus en plus de vignerons qui partagent ses idées,rien n’est perdu

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